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L'Amba.s.sadeur d'Autriche a visite hier Viviani et lui a declare que l'Autriche non seulement n'avait pas le dessein de porter atteinte a l'integrite territoriale de la Serbie, mais etait prete a discuter avec les autres Puissances le fond de son conflit avec la Serbie. Le Gouvernement Francais est tres preoccupe par les preparatifs militaires extraordinaires de l'Allemagne sur la frontiere francaise, car il est convaincu que sous le voile du Kriegszustand se produit une veritable mobilisation.

(Signe) Iswolsky.

No. 74.

L'Amba.s.sadeur en France au Ministre des Affaires Etrangeres.

_(Telegramme)._ Paris, le 19 Juillet/1 Aout 1914.

A la reception ici du telegramme de l'Amba.s.sadeur de France a St.-Petersbourg contenant la communication que Vous a faite l'Amba.s.sadeur Allemand concernant la resolution de l'Allemagne de decreter aujourd'hui la mobilisation generale, le President de la Republique a signe le decret de mobilisation. Dans les rues on procede a l'affichage des listes d'appel des reservistes. L'Amba.s.sadeur d'Allemagne vient de rendre visite a Viviani, mais ne lui a fait aucune nouvelle communication, en alleguant l'impossibilite de dechiffrer les telegrammes qu'il a recus. Viviani l'a informe de la signature du decret de mobilisation en reponse a la mobilisation allemande et lui a fait part de son etonnement de ce que l'Allemagne eut pris une telle mesure a un moment ou se poursuivait encore un echange de vues amical entre la Russie, l'Autriche et les Puissances; il a ajoute que la mobilisation ne prejugeait pas necessairement la guerre et que l'Amba.s.sadeur d'Allemagne pourrait rester a Paris comme l'Amba.s.sadeur de Russie est reste a Vienne et celui d'Autriche a St.-Petersbourg.

(Signe) Iswolsky.

No. 75.

L'Amba.s.sadeur en France au Ministre des Affaires Etrangeres.

_(Telegramme)._ Paris, le 19 Juillet/1 Aout 1914.

Je tiens du President que pendant les dernieres journees l'Amba.s.sadeur d'Autriche a a.s.sure avec force le President du Conseil des Ministres et lui meme, que l'Autriche nous aurait declare etre prete a respecter non seulement l'integrite territoriale de la Serbie, mais aussi ses droits souverains, mais que nous aurions intentionnellement fait le silence sur cette declaration. J'ai oppose un dementi categorique a cela.

(Signe) Iswolsky.

No. 76.

Note remise par l'Amba.s.sadeur d'Allemagne a St.-Petersbourg le 19 Juillet 1914 a 7 h. 10 du soir.

Le Gouvernement Imperial s'est efforce des les debuts de la crise de la mener a une solution pacifique. Se rendant a un desir qui lui en avait ete exprime par Sa Majeste l'Empereur de Russie, Sa Majeste l'Empereur d'Allemagne d'accord avec l'Angleterre s'etait applique a accomplir un role mediateur aupres des Cabinets de Vienne et de St.-Petersbourg, lorsque la Russie, sans en attendre le resultat, proceda a la mobilisation de la totalite de ses forces de terre et de mer. A la suite de cette mesure menacante motivee par aucun presage militaire de la part de l'Allemagne, l'Empire Allemand s'est trouve vis-a-vis d'un danger grave et imminent. Si le Gouvernement Imperial eut manque de parer a ce peril, il aurait compromis la securite et l'existence meme de l'Allemagne. Par consequent le Gouvernement Allemand se vit force de s'adresser au Gouvernement de Sa Majeste l'Empereur de Toutes les Russies en insistant sur la cessation desdits actes militaires. La Russie ayant refuse de faire droit a (n'ayant pas cru devoir repondre a[198]) cette demande et ayant manifeste par ce refus (cette att.i.tude [198]) que son action etait dirigee contre I'Allemagne, j'ai l'honneur, d'ordre de mon Gouvernement, de faire savoir a Votre Excellence ce qui suit:

Sa Majeste l'Empereur Mon Auguste Souverain au nom de l'Empire, relevant le defi se considere en etat de guerre avec la Russie.

St.-Petersbourg, le 19 Juillet/1 Aout 1914.

(Signe) F. Pourtales.

[Footnote 198: Les mots places entre parentheses se trouvent dans l'original. Il faut supposer que deux variantes avaient ete preparees d'avance et que par erreur elles out ete inserees toutes les deux dans la note.]

No. 77.

Communique du Ministre des Affaires Etrangeres concernant les evenements des derniers jours.

Le 20 Juillet/2 Aout 1914.

Un expose defigurant les evenements des derniers jours ayant paru dans la presse etrangere, le Ministere des Affaires Etrangeres croit de son devoir de publier l'apercu suivant des pourparlers diplomatiques pendant le temps susvise.

Le 10/23 Juillet a.c. le Ministre d'Autriche-Hongrie a Belgrade presenta an Ministre President Serbe une note ou le Gouvernement Serbe etait accuse d'avoir favorise le mouvement panserbe qui avait abouti a l'a.s.sa.s.sinat de l'heritier du trone austro-hongrois. En consequence l'Autriche-Hongrie demandait au Gouvernement Serbe non seulement de cond.a.m.ner sous une forme solennelle la susdite propagande, mais aussi de prendre, sous le controle de l'Autriche-Hongrie, une serie de mesures tendant a la decouverte du complot, a la punition des sujets serbes y ayant participe et a la prevention dans l'avenir de tout attentat sur le sol du Royaume. Un delai de 48 heures fut fixe au Gouvernement Serbe pour la reponse a la susdite note.

Le Gouvernement Imperial, auquel l'Amba.s.sadeur d'Autriche-Hongrie a St.-Petersbourg avait communique le texte de la note 17 heures apres sa remise a Belgrade, ayant pris connaissance des demandes y contenues, dut s'apercevoir que quelques-unes parmi elles etaient inexecutables quant an fond, tandis que d'autres etaient presentees sous une forme incompatible avec la dignite d'un Etat independant. Trouvant inadmissibles la diminution de la dignite de la Serbie contenue dans ces demandes, ainsi que la tendance de l'Autriche-Hongrie d'a.s.surer sa preponderance dans les Balcans demontree par ces memes exigences, le Gouvernement Russe fit observer dans la forme la plus amicale a l'Autriche-Hongrie qu'il serait desirable de soumettre a un nouvel examen les points contenus dans la note austro-hongroise. Le Gouvernement Austro-Hongrois ne crut possible de consentir a une discussion de la note. L'action moderatrice des autres Puissances a Vienne ne fut non plus couronnee de succes.